Quelques idées fausses sur les gens du voyage

 

J'écris ce petit chapitre à la suite des questions qui m'ont été posées par un enseignant.

 

Voleurs de poules

 

Avec les édits promulgués par Lois XIV (1641), les « Bohémiens» sont chassés comme des renards pour une prime de 24 livres pour un homme capturé mort ou vif et 9 livres pour une femme considérée comme un être inférieur!

Quels étaient leurs « crimes »? pour lors interdire tous commerce et tous travail, toute personne qui donnait asile à un bohémien et sa famille été emprisonné et déporté aux colonies pour les gens du peuple, la confiscation des biens et l'exil pour les bourgeois et les nobles.

L'édit de 1641 est très net sur ce point: « davantage a esté défendu de faire aucun traité d'achat ou d'eschange avec lesdit Bohémes ».

Dans ces conditions, qui d'entre vous se gênerait de prendre un morceau de pain pour ses enfants sur le point de mourir de faim?

L'édit de 1675 n'est pas moins explicite: « courir sus par fer et feu ».

 

Voleurs d'enfants

 

Marie-Thérèse d'Autriche imite le grand roi de France et commence à interdire aux Tsiganes tous les métiers, sauf celui de de travailleur agricole, considéré à l'époque comme « vil ».

Elle va plus loin en séparant mari et femme, parents et enfants en plaçant ces derniers chez les paysans pour en faire de bons chrétiens!

Lorsque les tsiganes, épouvantés par cette monstruosité, reprenaient leurs enfants, ils étaient accusés de « voleurs d'enfants », et même « d'anthropophages »!

C'est ainsi qu'en 1782 eut lieu le plus diffamant et le plus cruel de tous les procès que l'Europe ait connu: atrocement torturés pour avouer des crimes qu'il n'avaient pas commis, plusieurs dizaines de tsiganes innocents furent pendus.

Par la suite, l'enquête instruite par Joseph II a démontré que le procès reposait sur de fausses accusations, mais le mal était fait.

La légende des tsiganes « voleurs d'enfants » persiste de nos jours.

Ainsi en Suisse, à l'heure actuelle, l'association « Pro Juventute » fidèle imitatrice des méthodes de Marie-Thérèse d'Autriche, a enfin été condamnée par les autorités helvétiques.

 

Guérisseuses

 

la plus grande contribution de nos femmes sur le plan de la civilisation est la pharmacopée, héritée de l'Inde:

 

En effet, une partie des Veda est consacrée à la médecine ( yajurveda ), guérison par les plantes.

Or, à l'époque, comme encore de nos jours les guérisseurs sont en conflit avec la médecine officielle.

Pour éviter d'être poursuivies, les femmes tsigane exerçaient leur médecine indienne sous le couvert de « dire la bonne aventure ».

En langue Romani, de drab veut dit à la fois « donner la médecine, guérir et dire la bonne aventure ».

Qu'on se souvienne du Duc de Berry poignardé en 1804, gisant dans son propre sang et saigné à mort par son médecin de famille!

Quoi d'étonnant qu'à cause des médicastres du Moyen-Age beaucoup de nos femmes furent accusées de sorcellerie dans une société où l'unique remède médical était le clystère et la saignée, aient croupi dans les cachots ou brûlées vives.