La voix des gens du voyage, la comprendre, la rendre efficace

 

     Une originalité du monde des gens du voyage est d'être d'une invisibilité assourdisante.

 

     Nombre d'amis et citoyens du tout venant que je rencontre ne savent pas que les gens du voyage vivent à leurs portes, ils n'en ont jamais vraiment rencontrés et cependant ils crient haut et fort n'en vouloir pas,tandis que la rumeur ne donne d'eux que l'image négative de leurs problèmes de voyageurs.

 

     Au point où je me trouve, je suis amené à penser que la pauvreté des gens du voyage n'est pas tellement une affaire de biens quantitatifs, qu'un problème de non représentation, de fausse représentation.

 

     Les gens du voyage ne sont  ni écoutés ni entendus.

 

     Exclus de la scène publique, ils sont pratiquement exclus des relations de tout citoyen ordinaire; ils n'ont pas part aux négociations et aux décisions des problèmes les consermants comme on le voit souvent dans les cas très concrets d'insertion (ou de non-insertion) sociale urbaine, de voisinage, d'habitat, de terrains familiaux, etc dans lesquels ils sont constament mis devant le fait accompli.

 

     A ce constat de dévalorisation citoyenne des gens du voyage comment porter remède?

 

     En dehors de toute violence ou de toute exclusion il est, me semble-t-il plusieurs voies incontournables et à la portée de chacun:

     Celle de l'accueil-écoute qui consiste à entendre la parole des gens du voyage sans la réduire à un catalogue de plaintes ou de besoins.

 

     La parole de gens du voyage est à prendre comme celle d'un semblable, comme la vôtre ou la mienne, non comme celle d'un inférieur ou d'un exclu.

 

     Nombre d'associations travaillent en ce sens, pourquoi pas vous.

 

     De l'accueil-écoute il est évidemment souhaitable de passer à la réflexion. 

 

     Certes la parole de gens du voyage na rien d'un essai théorique; elle se réduit souvent à une requête, une plainte ou un cri face à l'injustice.

 

     Elle est parfois aussi une histoire de vie.

 

     Elle s'établit sur une expérience directe, subjective, au premier degré et sur un fond d'idées courantes de liberté, d'égalité.

 

     A vous qui l'écoutez,respectez l'interlocuteur en déchiffrant son message sans rejet, sans mépris ou condescendance.

 

     A vous de croiser votre savoir à ce type de parole pour en faire une parole sociale, construite, donnée a comprendre à votre entourage et au décideur de tous ordres.

 

     Du déchiffrage de la parole on passe à parole politique; elle s'énonce avec d'autres au niveau de votre quartier, de votre cité, de votre région.

 

     Le débat d'idées donne alors sur un agissement collectif allant de la négociation à l'élaboration d'une décision commune dans une perpective de transformation sociale de liberté et d'égalité fraternelles.

 

     Avouez que très souvent nous en somme bien loin.

 

     Si au moins nous gens du voyage et vous qui ne l'est pas, commencions cette fois pour de bon à nous écouter, nous verrions que malgrès d'inévitables tentions il s'enchaînera une meilleure co-existence des uns et des autres.

 

   

    Alain Fayard